Le mois dernier, nous avons évoqué une voiture qui n'avait pas reçu de nom... Mais nous avons trouvé mieux encore : une voiture qui n'a pas de marque, qui n'a pas vendu un seul exemplaire, et dont on a envoyé à la casse toute la production ! Alors si vous soupçonnez un vague bricolage artisanal, vous n'y êtes pas du tout, car la plaisanterie a coûté un milliard de dollars (oui, un vrai milliard !) au premier constructeur du monde, General, Motors, avec l'aide involontaire du contribuable américain.

Bien avant que l'Empire du Milieu nous refasse le coup du péril jaune, l'industrie automobile américaine était sur la brèche de l'innovation.

La Chevrolet Volt n'est pas la première tentative de la General Motors de s'imposer sur le marché prometteur de la voiture électrique. Dans les années 90, le gouvernement américain lui-même, sous l'administration Clinton, encouragea ces nouvelles technologies à grands coups de subventions.

Du coup, la toute puissante direction marketing du groupe se désintéressa totalement du projet, au point de ne rattacher ce véhicule à aucune marque du groupe, et de ne lui trouver aucun nom (EV signifiant simplement Electric Vehicle, difficile de trouver plus sexy).
La carrosserie fut dessinée dans le but d'assurer une résistance aérodynamique minimale. De ce point vue, le Cx de 0,19 confirme que l'objectif fut atteint... Au détriment de tous les aspects pratiques. Ainsi, on notera que l'EV1 restera une stricte deux places (séparées par un imposant tunnel central) , mais pourquoi l'avoir privée de boîte à gants sous cet immense tableau de bord ?

General Motors ne vendit aucune EV1 mais en loua 800 exemplaires (sur les 1117 fabriqués) uniquement dans les états de Californie et d'Arizona, dans le réseau Saturn... Et après quelques années, décida de récupérer toute la production pour mettre fin à l'expérience, et détruire tous les modèles, à l'exception de quelques-uns qui servirent de banc d'essai pour diverses énergies nouvelles.

Cette décision brutale suscita une réaction vive de la part des quelques centaines de clients motivés par la chose environnementale, et les conspirationnistes virent là la main invisible et malveillante du lobby pétrolier

Bien évidemment, ce gâchis colossal ne fut pas perdu pour tout le monde, car Toyota proposa un RAV4 électrique, avec quatre vraies places et un coffre, qui permit d'attirer la clientèle de bobos californiens alléchée par l'EV1... en attendant le raz-de-marée des Prius et autres Lexus hybrides qui allait déferler au milieu des années 2000.

Pendant ce temps, les hauts stratèges de G.M. décidaient opportunément de développer toute une gamme dans leur nouvelle marque Hummer, une preuve supplémentaire de leur génie visionnaire...