CATALOGUES NUMERO 29 – MAI 2011 CLOU MAGAZINE RENAULT LAGUNA

CLOU – MAGAZINE

NUMERO 29 – MAI 2011
PAGE 2

RENAULT LAGUNA III – HISTOIRE D’UN RENOUVEAU

Nous allons revenir sur un épisode des aventures de notre premier constructeur national, même si celui-ci, par modestie ou fair-play, fait de louable efforts pour céder cette place à brève échéance.

Vous avez entendu parler de la Laguna millésime 2011, et certains d?entre vous ont même pu en apercevoir dans la rue. Comment transfigurer l?aspect d?une voiture bancale pour franchir un nouvel échelon dans le portnawak stylistique ? Ce sera la leçon du jour.

Pour ceux qui ne connaissent pas la Laguna, rappelons qu?il s?agissait de faire, à partir de la précédente génération de 2002 , qui connaissait d?innombrables problèmes de fiabilité électronique, un modèle de qualité, au niveau quasi teutonique. Toute l?énergie créative étant focalisée sur cet unique objectif, le style fut laissé de côté, et finalement griffonné à la dernière minute sur une nappe de restaurant (malheureusement froissée avant d?arriver au service d?industrialisation) d?où un résultat unanimement considéré comme consternant.

Par ailleurs, la France restant le phare du génie créatif, il fallait innover, et la Laguna III reçut un bluffant train roulant à quatre roues directrices sur ses versions supérieures.
Rappelons qu?à la fin des années 80, Mazda puis Honda produisirent un dispositif similaire, chaleureusement salué par la critique automobile, avant d?être abandonné et de sombrer dans un oubli total.
Aujourd?hui, Renault s?y met, comme convenu, la presse est unanime sur le caractère novateur et quasi surnaturel de la précision de conduite, et les clients, faisant preuve d?une ingratitude crasse vis-à-vis des brillants ingénieurs qui se mettre en quatre pour proposer de l?inédit, continuent de bouder (ou plutôt d?acheter des Audi et des C5).

A un moment donné, il fallut bien donner un second souffle à ce modèle poursuivi par la malédiction.

Une bonne partie du budget ayant été englouti dans les honoraires des officines de renseignements, puis dans les indemnités versées aux cadres accusés prématurément? puis une autre somme étant consacrée à une autre agence, la Stealth Investigation Company, basée aux Iles Caiman, chargée de faire la lumière sur cette histoire et de dénicher les vrais espions dont les noms, nous n?en doutons pas, seront prochainement dévoilés? Le service recherche et développement se retrouvait à sec.

C est fou ce qu’on peut faire avec trois euros cinquante de chromes.

Le Dirigeant Eclairé, accessoirement Dieu Vivant en extrême-orient, avait donné la ligne à suivre :

«　En France, malgré une stratégie claire, précise et brillamment exposée, les ventes restent décevantes, et je rappelle que nous avons une place légitime dans le segment premium de grande diffusion. La qualité de nos produits étant au meilleur niveau, je ne mettrai pas un sou pour changer quoi que soit.
– Certes, mais alors comment faire ?
– Regardez comment vos petits camarades. En Russie par exemple, une de nos plus fortes croissances !
– Mais ils font ça avec des Dacia badgées Renault !
– C?est bien la preuve qu?il n?y a pas besoin de dépenser des milliards pour réussir.
– Et justement, question budget, on a quoi ?
– Rien du tout ! Je ne sais pas comment il faut vous expliquer les choses !　»

Quelques mois plus tard, après d?intenses réflexions, de multiples essais et des clinic-tests déprimants, le résultat fut présenté au Grand Timonier :

«　Voilà, après avoir joué la fibre nostalgique des années soixante avec les Gordini, on a tenté le même coup sur les années quatre-vingt-dix, avec la grande mode du tuning, et des paupières de phares !
– A quoi sert une paupière de phare ?
– A rien. Ca donne un air agressif, donc sportif ! Et comme on veut du premium, nous avons fait une paupière de phare chromée, ce qui est clairement novateur !
– Et vous avez changé la forme des phares, donc ?
– Non, on a juste mis le bout de plastique chromé dedans, trois euros cinquante multiplié par deux?
– Et la calandre ? Ca ne fait pas un peu trop portugais ?
– Non, c?est le style Audi ! Enfin c?est pas vraiment copié, mais ça y fait penser? Et tout ça pour un prix dérisoire !*
– Parfait, et les deux petits chromes de part et d?autre ?
– On a acheté un lot, et il en restait, alors on les a mis là. C?est en complément de la premium touch. Avec ça, c?est pas la voiture de tout le monde !
– Eh bien messieurs, à un moment donné, je m?étais permis de douter. Mais là, franchement, je vois que vous avez fort bien compris ma stratégie et vous l?avez exécutée de manière exemplaire. Mais tout de même, tout ça coûte un peu, non ?
– Ne vous inquiétez pas, patron ! On a compensé en retirant un peu de rembourrage de sièges et en les remplaçant par des trucs qui traînent. Mais vous n’aimeriez pas savoir quoi…
– Bien bien ! Messieurs, je suis content de vous. "

Suite à cela, la présentation de la Laguna 2011 fut saluée unanimement par la presse automobile spécialisée, certains déplorant même que l’arrière de la voiture n’ait pas été retouché dans le même esprit.
Malheureusement, les clients, faisant preuve d’une ingratitude constante, s’obstinent à acheter autre chose…

Gédéon Lenfoiré

PAGESUIVANTE –>

RETOURPAGE PRECEDENTE

RETOURMENU ARCHIVES CLOU-MAGAZINE

RETOURMENU PRINCIPAL

POUR ME DONNER VOTRE AVIS, VOS SUGGESTIONS, VOS REACTIONS, CLIQUEZ ICI !