CLOU – MAGAZINE |
NUMERO 20 – AOUT 2010 |
AVENTURES SUR QUATRE ROUES
Cette rubrique "Aventures sur Quatre Roues" vous est ouverte (les autres aussi d’ailleurs…). Si vous avez vécu une aventure liée à l’automobile, amusante, cocasse, ou instructive, que vous aimeriez la faire partager et, ô comble de bonheur, que vous pouvez l’illustrer par des photos (Bon, si vous n’en avez pas, mais que le texte est bien, on se débrouillera)… alors vous pourrez être le héros d’Aventures sur Quatre Roues. Toute proposition peut être envoyée à l’adresse e-mail en bas de page… et le comité de rédaction statuera souverainement sur la publication dans ces pages.
Pour débuter, je vais m’y coller.J’espère que cela vous amusera et vous inspirera, carj’aimerais bien que cette rubrique soit la plus fournie de Clou-Magazine ! |
LA FERRARI DAYTONA DU PAUVRE
(ROVER 2600)
Je vais vous parler aujourd hui de ma toute première voiture. Je l’ai gardée tellement peu de temps que je n’ai pu en conserver des photos. Aussi ai-je recherché sur le ouaibe ce qui s’en rapprochait le plus (finition et coloris) et je ne suis pas trop mécontent.
Alors quand on débute, et que l’on n’a pas la chance (ou le malheur) de recevoir la voiture de ses parents, l’alternative s’offre au jeune : soit il prend un crédit et il s’achète une petite citadine diesel récente, soit il claque sa première paye (ou l’une des premières) dans ce qui se présente dans la gamme de prix compatible. En qualité d’amateur éclairé, déjà à l’époque (personne n’en doute !) il n’était pas question que je roule dans du matériel ordinaire. Nous étions en 1989 et je n’avais que quelques milliers de francs devant moi. Oui, en euros ça se serait compté en centaines… Donc me voilà parti à rechercher parmi les vieilles Jaguar, Renault 30, Ford Granada et autres Citroën CX, un vaisseau à ma mesure… A l’époque, les journaux d’annonces gratuites et les ventes sur parking étaient les inépuisables mines d’or en la matière, les difficultés économiques et le prix de l’essence (déjà !) reléguant les grosses cylindrées au rang de vieux clous invendables. |
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Mais le coup de foudre fut pour une Rover 2600 couleur "champagne" métallisé, à boîte automatique, 125 000 km… Le moteur avait été refait à 75000 km ainsi qu’une partie du train avant (J aurais du me méfier !). J’ai toujours adoré cette ligne inspirée sans complexe de la Ferrari Daytona même si mon exemplaire présentait déjà, au bout de dix ans d’âge, des signes évidents de fatigue, avec notamment des arches d’aile et bas de caisse fabriquant de la rouille en continu. De même, les roues en simili-Rostyle étaient en fait constituées d’un enjoliveur plastique plaqué sur de sinistres jantes en tôle. L’enthousiasme céda vite à l’agacement que je compris que le démarrage par temps humide de cet engin tenait du jeu de patience et de la loterie, et qu’il était vain de prendre la route avant que le moteur ait atteint "une certaine température" (80 degrés, de mémoire). |
De l’allure, du chic…tant qu’on ne s’approche pas trop… |
En fait, commej’habitais à l’époque en Normandie, et quej’avais acheté la Rover en hiver,j’eus souvent à batailler pour prendre la route le week-end… la faute à ces satanés carburateurs S.U. à dépression (Si bien nommés…). Pour ne rien arranger, la commande de starter étant rapidement cassée, je devais attraper avec mon pauvre doigt transi une abominable tirette métallique pour l’actionner… Le second fléau auquelj’ai dû faire face ne surprendra personne : en digne sujette du Royaume Uni, cette auto était aussi étanche qu’une serpillière (et finissait à la longue par dégager la même odeur). Au bout de quelques semaines, je compris quej’étais en butte à deux phénomènes qui se cumulaient : une fuite au pare-brise déversait de l’eau, après un curieux cheminement, dans la boîte à gants. Celle-ci, qui s’ouvrait vers le bas, pouvait en contenir un bon litre. C’est bien pratique pour tenir des canettes au frais ou pour faire une blague à un pote : "tiens, cherche-moi la carte…". |
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La seconde source miraculeuse se trouvait à l’autre extrémité, au niveau du hayon. Celui-ci disposait d’un orifice à son extrémité, censé évacuer l’air. Une lèvre en caoutchouc avait été ajoutée pour empêcher l’air de refluer. Toutefois, l’âge, l’usure, les vapeurs d’essence eurent assez rapidement raison du dispositif, qui avait tendance à ce craqueler et à se désagréger. La conséquence pratique : en roulant à une certaine vitesse sous la pluie, les remous aérodynamiques provoquent une infiltration d’eau, qui imprègne l’épaisse moquette orange. L’humidité étant entretenue de manière permanente (du fait de l’agréable climat de ma région de résidence), d’autres désagréments s’y additionnaient : une odeur persistante qu’il fallait chasser avec la ventilation à fond… et un réseau électrique facétieux avec des boutons qui marchaient mais ne s’éclairaient pas, des boutons qui s’éclairaient mais ne fonctionnaient pas, et un plafonnier qui s’allumait et s’éteignait sans raison apparente en roulant. Le tableau de bord avait abandonné les boiseries chères à la marque (Ce n’était qu’un au-revoir, la série 2 allait les ressusciter), qui apparaissait désespérément noir et plastoc. Les boutons peu nombreux avaient été conçus pour ceux qui portent des moufles. |
Pas de boiseries, pas de cuir, mais des cadrans en pagaille (Ils ne fonctionnent pas tous) |
Le massif volant était à peu près rond, mais excentré.Son moyeu rembourré ne comportait pas d’airbag (Modèle 1979 !) même si on m’a déjà posé la question… ni même de logo Rover… C’était juste un vilain volant qui commandait une direction spongieuse. C’est d’ailleurs cette direction qui causera la perte prématurée de la voiture. Dans une lointaine contrée de l’Est de la France, après avoir embarqué un auto-stoppeur,j’ai démarré en quittant un instant la route des yeux pendant que mon passager s’installait. L’une des roues percuta une bordure de trottoir, ce qui entraîna une dislocation de la tringlerie de direction (Chacune des roues s’orientant dans une direction différente !). Dans ces conditions, il était difficile de garder le cap, et la Rover 2600 termina sa course contre un mur, heureusement à une vitesse suffisamment réduite pour ne blesser personne. Alors, en conclusion ? Côté positif : une ligne hors du commun, un vaste espace intérieur, une consommation d’essence raisonnable pour un six cylindres (9 à 10 litres en usage mixte) Mais vous savez ce que c’est, pour la première fois, on témoigne toujours d’une indulgence coupable… |
Laurent Bunnik. |
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